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Eléments de conversation pour briller en société
21 mars 2019

L’individu et sa liberté MOI, les autres... Episode 1

culbuto-raton-laveur

L’individu et sa liberté

Moi, les autres, moi, l’autorité et MOI

 

 

 

EPISODE 1. JE veux être moi-même

 

Le réel                      Rien de plus parlant pour évoquer l’individu moderne que la chanson de Jacques Dutronc « Et moi, et moi, et moi », 1966

où Dutronc met en scène le « con de Parisien qui attend son chèque à la fin du mois ». Bonne écoute !

 

« ET MOI ET MOI ET MOI
Sept cent millions de Chinois
Et moi, et moi, et moi
Avec ma vie, mon petit chez-moi
Mon mal de tête, mon point au foie
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie » 

 

On peut aussi se divertir en repérant l’auto-célébration de la prise de parole politique qui commence par « MOI, JE pense que… », MOI, JE crois que… » et le simplissime « MOI, JE dis que… », destiné à préciser que c’est bien moi qui parle et pas un autre. 

Sans compter le faux modeste « J’ai envie de dire que… » qui souligne le besoin, la nécessité quasiment urinaire de parler - une exigence absolue qui jaillit du plus profond de MOI et en dit l’authenticité radicale  puisqu’elle est de l’ordre du ressenti jaculatoire.

 

Les mots                  Ils abondent : l’individu, le Moi, le Je, l’Ego, la personne, l’acteur, le sujet peuplent les rues. On retiendra ceux qui suivent.

L’individu provient d’un adjectif latin qu’on peut traduire par « indivisible, individuel » et qui distingue un objet, une unité (cet arbre dans mon jardin) par rapport à un groupe, une espèce (l’arbre, le sapin). 

C’est au XVIIème s. qu’il prendra le sens de « membre de l’espèce humaine ». Cette glorieuse individualité se perdra dans le sens aujourd’hui commun de « personne quelconque ». Il n’empêche que chacun se croit unique.

 

La personne est en latin persona et désigne le masque que le comédien porte sur le visage pour ensuite prendre le sens de rôle attribué à un acteur portant un certain type de masque. 

Reste sous-jacente l’idée que chacun, dans sa vie sociale, s’avance masqué – pour paraître brillant, dire « larvatus prodeo », comme Descartes dans le Discours de la Méthode.

 

 L’intégrité de l’individu : un droit fondamental.

 En 1679, l’Habeas corpus introduisait dans le droit anglais l’obligation de présenter le prisonnier devant un juge de façon à vérifier les arguments qu’on pouvait avoir de l’incarcérer, mais aussi pour voir le corps même de celui-ci et vérifier qu’il n’avait pas été molesté, torturé … Était ainsi inspecté l’intégrité –l’unité du corps du justiciable.

Ce principe d’unité et d’intégrité ainsi considéré est à la base du droit des individus et commun aux constitutions des pays démocratiques.

 

Le panorama          L’homme moderne a le désir d’exprimer pleinement sa volonté et de sentir ainsi sa propre liberté. 

Par contre, le souci des autres ne caractérise pas nos contemporains.Il suffit de taper « Incivilités sondages » sur Google pour en être convaincus.

Enfin, son rapport au pouvoir politique est fluctuant. Tantôt, il réclame du pouvoir plus d’autorité, tantôt, il s’insurge contre des lois qu’il juge liberticides.

 

Quels rapports puis-je établir entre moi et les autres (famille, collègues, amis…) ? Comment bénéficier de leurs savoirs, de leur influence en évitant qu’elle se transforme en contrainte insupportable ? 

Quels rapports doivent-ils s’établir entre l’ensemble des individus et l’instance qui les gouverne ? Comment réguler le pouvoir central qui régit les citoyens pour qu’il assure la liberté de chacun tout en garantissant l’égalité de tous ?

 

La trajectoire que nous allons suivre considère les rapports qui s’établissent entre les individus et la société : les individus donnent-ils à une société ses caractéristiques (théorie individualiste), ou bien est-ce le collectif qui détermine l’individu (théorie holiste ; <grec « totalité »)?

 

En d’autres termes, l’individualisme considère que l’individu est la valeur suprême, l’acteur conscient de sa vie. Le holisme  pense que les actes individuels s’expliquent par le groupe auquel on appartient. 

Par exemple, le choix d’un prénom pour un enfant est-il déterminé par un choix personnel ou par des considérations qui échappent aux parents ? La sociologie montre que préférer Hector, Anne-Sophie à Barbara ou Dylan n’est pas exempt de caractéristiques sociales.

 

 Historiquement, l’individu, certain de se distinguer des autres, fier de ce qu’il a fait ou n’a pas fait, qui s’exhibe en selfies multiples … n’est pas né ainsi, brusquement, sous la plume d’un caricaturiste.

 Globalement, l’évolution mène d’un individu soumis à la société à une personne maître de son destin – ou, plutôt, qui croit l’être.

Le panorama chronologique est pratique mais masque des chemins divers et ondoyants. On est ici dans une évolution lente, qui ne touche pas en même temps toutes les classes de la société.

 Ainsi, l’individu est à l’image du culbutoce jouet dont la base arrondie est plombée pour que l’objet retrouve, quand on lui donne une pichenette, sa station verticale. L’individu tantôt ploie sous les

culbuto-raton-laveur

 contraintes imposées « d’en haut », tantôt, il relève la tête et affirme son autonomie.  

Suivant les époques, il a la tête en bas, maintenu sous la ligne d'horizon par des forces contraires comme on l'a dit: pouvoir seigneurial, traditions familiales, interdictions religieuses... Tantôt, il retrouve son équilibre, et même son orgueil et n'est pas loin de se croire le maître du monde.

Dire -dans un salon, en bonne compagnie: Je suis maître de moi comme de l'univers ;/  Je le suis, je veux l'être. O siècles , ô mémoire ! / Conservez à jamais ma dernière victoire ! (Corneille, Cinna). 

Petite note explicative: Auguste, empereur de Rome à déjoué les projets de Cinna à son encontre. Au lieu de le jeter aux lions, il lui fait grâce, montrant ainsi que la plus grande victoire est celle de la volonté

 

Jadis  

 

culbuto-raton-laveur copie

Longtemps a dominé dans le monde indo-européen une division des hommes en trois classes selon la fonction qui leur était assignée : les guerriers dominent, chargés de veiller à la sécurité, les religieux prient pour le salut des âmes et la masse des individus produisent de quoi faire vivre tout le monde, surtout les deux premières classes. On aura reconnu la division de la société française sous l’Ancien Régime : Noblesse, Clergé, Tiers-Etat. 

Dieu avait voulu cette structure sociale. La changer était littéralement impensable.

 

Dans le temps long des siècles passés où le fils succède à son père qui avait succédé au sien dans le même labeur, comment savoir si celui-ci ou celui-là avait le sentiment de son individualité, de son originalité par rapport à sa famille, à ses compagnons du même âge ? Qui aurait osé articuler quelque chose comme « Respecte ma différence » ? dans la mesure où cette pensée même aurait été possible.

On en a aujourd’hui un vague souvenir grâce à des phrases de ce type : « J’ai croisé une des filles Labrousse » ; ou bien « C’est un fils Benalla qui a ouvert une armurerie », que l’on peut entendre dans la bouche de personnes d’un certain âge vivant en milieu rural, dans des lieux où tout le monde se connaît. Phrases qui révèlent l’identité d’un individu par rapport au groupe familial dont il est issu.

 

A suivre : Episode 2  - Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?

                                     - C'est papa qui m'a forcé!

                                    - Ca se complique.

 

 

 

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Commentaires
M
👍
Répondre
A
Cf le livre de notre President:<br /> <br /> Chap1: Ce que je suis<br /> <br /> Chap2: Ce que je crois<br /> <br /> Chap3: Ce que nous sommes (ah enfin il parle un peu de nous, sans pour autant s'oublier)<br /> <br /> ........
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