33 Ces femmes qui voulaient courir avec les hommes

15 juillet 2020

33 Ces femmes qui voulaient courir avec les hommes

Les femmes sont niaises. On le sait depuis longtemps.

Elles sont aussi peureuses, sans volonté, lâches. C'est une évidence.

Et elles sont incapables d’efforts physiques. C’est ce que cet article va montrer.

Sur l’incompétence congénitale des femmes, voir les articles du thème 52 semaines pour les femmes sur Marie Curie, les femmes scientifiques, Hedi Lamarr, June Almeida.

Sur la lâcheté, etc., voir les articles sur Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt, Rosa Parks, la mulâtresse Solitude, Sophie Scholl, Trois jeunes filles dans la guerre, Eugénie-Malika.

A la fin des années 60, les femmes ne peuvent participer à un marathon. Trop fragiles, elles ne pourraient aller au terme des 42 km de la course. On craint aussi qu'elles perdent leur féminité, qu'elles se virilisent pour parler clairement. "Les hommes avaient peur que notre utérus tombe et que des poils nous poussent sur la poitrine", dit Katherine Switzer dans une interview.

La première femme à achever un marathon est Roberta "Bobbi" Gibb.

Le 19 avril 1966, Roberta Gibb sort du buisson où elle s’est cachée et se mêle à la foule des coureurs qui viennent de prendre le départ du marathon de Boston. Avec son sweat à capuchon et le bermuda de son frère, elle passe inaperçue par ce matin plutôt froid.

Elle est arrivée la veille chez ses parents, après quatre jours passés en autocar depuis San Diégo, Californie. Elle a eu le temps de penser aux deux dernières années d’entraînement, aux 60 km qu’elle s’imposait pour être au niveau des hommes.

Roberta Gibb

Efforts perdus : en février le directeur du marathon de Boston, Will Cloney, refuse son inscription à la course en affirmant que les femmes sont physiquement inaptes à ces efforts prolongés.

Dans le peloton, Roberta, à sa grande surprise , est applaudie par les coureurs et les spectateurs. A 24 ans, elle sera la première femme à terminer un marathon -en 3 heures 21 mn et 25 s.- et recevra les félicitations du gouverneur de l’Etat, bien qu’elle n’ait pu concourir officiellement.

Tout en poursuivant sa carrière de juriste, elle participera à plusieurs marathons, notamment après 1972, date à laquelle les femmes seront officiellement admise

L’année suivante, Roberta participe à nouveau au marathon de Boston d'une façon toujours non-officielle. Dans le peloton une jeune femme s’est inscrite et prend le départ avec un dossard. Elle a donné son nom et l’initiale et de son prénom. Les organisateurs ne se sont pas rendus compte qu’une femme allaient officiellement participer à « leur » course.

Katherine Switzer est étudiante en journalisme à l’université de Syracuse (Etat de New York). Son coach, Arnie Briggs, est un coureur expérimenté mais pas un entraîneur professionnel. Il doute de la capacité de la jeune femme d’accomplir un marathon. Il en est cependant convaincu le jour où, après les 42 Km réglementaires qu’il court avec Katherine, celle-ci lui propose de courir 5 miles de plus, pour le fun ! Briggs est épuisé. Il comprend à ce moment que son élève est prête. Il formule quand même une exigence : il faut s’inscrire officiellement pour éviter d’être en défaut auprès des organisateurs.

Et Katherine s’inscrit puisque rien n’interdit à une femme de participer au marathon : l’idée est tellement impensable que les textes sont muets sur ce point !

Katherine est donc dans la course, entourée de Briggs et de son compagnon Tom Miller, athlète, spécialiste du lancer de marteau, pressenti pour les prochains jeux olympiques.

Après six kilomètres environ, la jeune femme, maquillée et cheveux au vent est repérée par les journalistes qui accompagnent la course. A ce moment, l’histoire s’emballe. Will Cloney, qu’on a vu refuser la participation de Roberta l’année précédente tente sans succès de l’arrêter. Il est suivi par le directeur de la course Jock Semple qui s’agrippe à son tee-shirt pour arracher son dossard.

"Instinctivement, dira Katherine Switzer, j’ai tourné la tête et je me suis retrouvée nez-à-nez avec le visage le plus vicieux que j’ai jamais vu. Un grand homme, un énorme homme, édenté, était résolu à bondir, et avant que je puisse réagir, il a attrapé mon épaule et m’a tirée en arrière, criant : 'Dégage de ma course et rends-moi ce dossard!'" Briggs lui crie d’accélérer. Tom, d’un coup d’épaule envoie son agresseur dans le fossé. Puis Briggs reprend la main et dirige la course de Katherine pour modérer l’énergie de Katherine et lui éviter de brûler toute son énergie.

Elle termine la course … et est suspendue par la fédération d’athlétisme américaine.

Tom s’était rendu compte que son comportement pourrait nuire à sa désignation pour les prochains Jeux olympiques. Il quitte discrètement la course… L’année suivante, il demandera, pour la même raison, à Katherine de ne pas participer au marathon de Boston. Elle acceptera.

Les images de l’altercation se répandent rapidement et la font connaître dans tout le pays. Cette course sera le début de l’engagement qu’elle mènera toute sa vie pour faire reconnaître aux femmes le droit de courir, qui sera gagné en 1972. Elle -même est troisième au marathon de Boston en 1972, et remporte le marathon de New-York en 1974.

Elle organise de nombreux marathons, féminins comme celui de Londres en 1980 où les autorités ferment les rues pour laisser place aux concurrentes. La rencontre a un tel succès que dès l’année suivante, les hommes rejoignent l’épreuve.

En avril 2018, à 71 ans, elle terminera l’épreuve en 4 heures 44 minutes .

Les sportives sont de plus en plus nombreuses. Aux Etats-Unis, elles forment 58 % des participants.

Roberta Gibb et Katherine Switzer, 50 ans plus tard: