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Eléments de conversation pour briller en société
8 décembre 2023

Ah bon,/6 suite 1982, Sabra et Chatila, Liban/

 Ah bon, ça, je savais pas sur Israël et la Palestine / 6 SUITE/

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« Les faits sont têtus », Lénine

 1982, Sabra et Chatila, Liban /6 suite/

 Le massacre de Sabra et Chatila a été perpétré  du 16 au 18 septembre 1982 envers des Palestiniens du quartier de Sabra et du camp de réfugiés palestiniens de Chatila situés à Beyrouth-Ouest par les milices chrétiennes  libanaises. 

 Contexte

Ces événements font suite à un enchaînement d’agressions multiples dans les années qui ont précédé. Ainsi le massacre des chrétiens de Damour en 1976 répondait à celui des musulmans de Karantina. On compte plusieurs centaines de morts à chaque flambée de violence.  Il y aurait eu pendant cette guerre civile continue environ 150 000 morts, soit 5 % de la population < https://www.theguardian.com/commentisfree/2010/dec/22/lebanon-justice-deaths-civil-war

A partir du début des années 1980, Israël  fournit des armes aux phalanges chrétiennes dirigées par Bachir Gemayel qui luttent contre les forces palestiniennes de  l’OLP (Organisation de libération de la Palestine ) de Yasser Arafat, soutenues par la Syrie.

Des camps de réfugiés palestiniens sont installés au Liban depuis la fin de la Première Guerre israélo-arabe en 1949, notamment les deux camps contigus de Sabra et de Chatila dans une banlieue de Beyrouth-Ouest. 

En 1970, l’OLP s'implante au Liban à la suite du massacre de Septembre noir qui a poussé ses dirigeants à quitter la Jordanie. [Voir l’article « Ah bon, ça… /6/] L'OLP utilise le Sud du Liban comme base pour mener des attaques contre Israël qui répond en bombardant ses positions .

Ainsi, en juin 1982, l’armée israélienne pénètre au Liban dans l’intention de faire jonction avec les milices des phalangistes chrétiens. Le siège de Beyrouth commence. La ville contient 15 000 Palestiniens essentiellement concentrés à Beyrouth-Ouest.

Le 14 septembre, un attentat tue le Président de la République, Bachir Gemayel. La Constitution libanaise prévoit que le Président doit être chrétien, le Premier ministre musulman et le Président du Parlement druze.

L’OLP n’a jamais revendiqué l’attentat. Les soupçons se sont portés sur un individu dont on apprendra qu’il était membre du Parti social nationaliste syrien. La Syrie, comme on l’a dit est alliée aux fedayins palestiniens . 

Le chef d’état-major israélien, Rafaël Eytan contacte alors les Phalanges libanaises en vue d’une attaque sur Beyrouth-ouest que les Israéliens envahissent le 15 septembre.

Les massacres

Les premières exactions commises par les milices commencent le soir du jeudi 16 septembre. 

Se pose alors la question de la responsabilité de l’armée israélienne dans les événements qui vont avoir lieu. A-t-elle participé à ce massacre ? Les chefs israéliens étaient-ils au courant du projet phalangiste ? A-t-elle tenté de s’y opposer ?

On peut dire que s’il semble exclu que le ministre israélien de la défense ait convenu avec le chef phalangiste de massacrer les civils de Sabra et Chatila, il est probable  que, connaissant les pratiques courantes de ses alliés, il a pris sciemment le risque d’une tuerie.    <https://www.monde-diplomatique.fr/2002/09/PEAN/9409

Même si des contestations sont apparues : Bachir  Gemayel reprochera au commandant de région Amir Drori et au brigadier-général Amos Yaron de désarmer les phalangistes dans la zone d’Aley, lieu d’affrontement avec les Druzes.<  https://www.monde-diplomatique.fr/2002/09/PEAN/9409

Le camp est éclairé par l’armée israélienne à l'aide de tirs de mortiers et d'un avion. Plus tard dans la nuit, un phalangiste se plaint au Lieutenant-Colonel israélien  Treiber que le camp n'est pas assez éclairé. Celui-ci répond qu'il est au courant de la mort des 300 personnes [civiles], et qu'il ne souhaite pas les aider. 

À 19 heures, se déroule une scène significative. Sur le toit d’un immeuble qui domine les camps se trouvent Élie Hobeika, chef des milices chrétiennes et le général  israélien Yaron. 

Après l'entrée de la première force phalangiste à Chatila, un milicien a demandé par radio à Hobeika ce qu’ils devaient faire des 50 femmes et enfants qu'ils avaient faits prisonniers. 

La conversation est interceptée par le lieutenant Elul, arabophone, qui pressent une menace contre les civils. Il envoie un rapport au général Yaron, puis lui traduit la réponse qu’a donnée Hobeika à ses hommes : « C'est la dernière fois que vous me posez une question comme celle-là, vous savez exactement quoi faire. » [ extrait du rapport Kahane ; voir en fin de cet article]

Yaron a ensuite eu une conversation de cinq minutes, en anglais, avec Hobeika. Ce qui a été dit est inconnu. (< Wiki article « Elie Hobeika »).

À 20 h 40, un officier de renseignement fait un  état de la situation au général Yaron. Il indique que les phalangistes ont rassemblé des femmes, des enfants et des vieillards. Il est interrompu par le général Yaron qui réfute l'hypothèse de la mort programmée des civils, et affirme qu'aucun mal ne sera fait à ces gens.

Vendredi 17 septembre 

Dès l'aube, plusieurs soldats et officiers israéliens sont témoins de meurtres de civils aux alentours du camp. L'un d'entre eux souhaite faire un rapport à ses supérieurs, mais en est dissuadé par ses camarades, qui lui disent que le fait a déjà été signalé et que la réponse a été faite de ne pas s’ingérer dans ces faits. 

Un officier israélien présent dans le camp prévient que les massacres ne se sont pas arrêtés. Un autre insiste pour savoir si le rapport concernant les 300 exécutions de la nuit a bien été envoyé aux plus hauts responsables, et insiste pour qu'il le soit. Un journaliste, informé des massacres, prend contact avec le Ministre Zipori [ vice ministre de la Défense], pour le convaincre d'agir

Samedi 18 septembre 

Le samedi matin ,entre 6 heures 30 et 7 heures, un groupe de 15 médecins et infirmières de l'hôpital Gaza (à proximité du camp de Sabra) est emmené de force par les phalangistes, et libéré par des soldats israéliens. Ils témoignent qu'ils ont vu, en traversant Sabra, des bulldozers en action, et, outre de nombreux corps, des groupes de personnes rassemblées sous la menace des armes des miliciens. 

Le général  Yaron exige alors du chef des Phalangistes chrétiens qu'il retire ses hommes. Les Phalangistes obéissent, et les derniers d'entre eux quittent les camps à huit heures le lendemain matin. < https://www.monde-diplomatique.fr/2002/09/PEAN/9409

Femmes et enfants ont été rassemblés dans un stade voisin, tandis que les hommes étaient exécutés sur place ou emportés en camion. On découvre  que les Phalangistes ont tué, outre des combattants palestiniens, des civils en grand nombre. 

Le général israélien Yaron exige alors du chef des Phalangistes chrétiens qu'il retire ses hommes. Les Phalangistes obéissent, et les derniers d'entre eux quittent les camps à huit heures du matin. 

 

Il y aurait eu 900 réfugiés palestiniens tués. Les chiffres de morts et de disparus demeurent dans le plus grand flou. Ils varient, selon les estimations, de 500 à 5 000, un nombre indéterminé de cadavres ayant été emportés par camion par les Phalangistes lors de leur retrait des camps.  < Rapport Kahane

Réactions

Les réactions les plus virulentes proviennent d'Israël. 

À la Knesset, des députés interpellent Ariel Sharon sur la responsabilité d'Israël. Le mouvement extra-parlementaire de gauche, « La paix maintenant », appelle à manifester. Dix jours après, 400 000 citoyens révoltés par la politique du gouvernement, soit 8 % de la population, rejoignent ce mouvement qui aboutit à la plus grande manifestation qu'Israël ait jamais connue [par rapport à la population française, cela ferait environ 5 millions de manifestants]. Leurs revendications, réclamant une solution pacifique au conflit israëlo-palestinien, et aboutiront à la création d'une commission d'enquête, la Commission Kahane. <Wiki

Réactions au Liban

Elie Hobeika dirigeait les forces phalangistes. Il  était le responsable des services secrets libanais. Il poursuivra par la suite une carrière politique au Liban, à une époque où le pays est placé sous le strict contrôle de la Syrie. Il sera notamment membre du Parlement libanais, et membre du gouvernement. Il ne sera jamais interrogé par la justice libanaise.

Le 28 mars 1991, le Parlement libanais exempte rétroactivement de toute responsabilité pénale les miliciens de toutes les factions libanaises impliquées dans les crimes et massacres commis au Liban par une loi d'amnistie générale, y compris ceux de Sabra et Chatila, à l'exception de ceux impliqués dans l'assassinat ou la tentative d'assassinat de personnalités religieuses ou politiques et de diplomates arabes ou étrangers. 

 

La Commission Kahane 

À la suite de ces événements et sous la pression de l'opinion, le gouvernement israélien nomme une commission officielle d'enquête dirigée par Yitzhak Kahane, juge à la Cour suprême. Elle entend d'abord en audience publique Ariel Sharon, qui reconnaît avoir envoyé les phalanges dans les camps, n'avoir pas informé Menahem Begin, et avoir autorisé Rafael Eitan à reporter au lendemain le départ des phalanges, une fois connu le carnage. 

Le 7 février 1983, la commission confirme la culpabilité des milices chrétiennes libanaises, et reconnaît Ariel Sharon indirectement responsable pour n'avoir pas prévu la tragédie qui résulterait de l'entrée des Phalangistes dans les deux camps palestiniens. 

Pour les mêmes raisons, la commission blâme d'autres responsables israéliens qui auraient dû, selon elle, prévoir les conséquences meurtrières d'une entrée des Phalanges dans les camps palestiniens, et qui de ce fait portent eux aussi une part de « responsabilité indirecte » dans les massacres (la « responsabilité directe » étant, souligne la commission, exclusivement celle des auteurs du crime, c'est-à-dire les membres des Phalanges chrétiennes libanaises). 

Sont ainsi blâmés par la commission, à des degrés divers, outre le ministre de la défense Ariel Sharon : le Premier ministre Menahem Begin, le ministre des Affaires étrangères Itzhak Shamir, le commandant en chef de Tsahal Rafael Eitan, le chef des renseignements militaires Yehoshoua Saguy, le commandant de la région nord Amir Drori, et le général Amos Yaron. 

La recommandation la plus sévère est celle visant Ariel Sharon, qui doit quitter ses fonctions. 

 

En guise de conclusion

Le juge Kahane a provoqué la démission du ministre de la défense, Ariel Sharon, considéré comme complice des phalangistes.

Le juge Kahane n’a pas été immédiatement  démis de ses fonctions de président de la Cour suprême ;   

il n’a pas été emprisonné par la police politique ; 

il n’a pas été torturé ; 

il n’a pas brusquement disparu ;

sa famille n’a pas été inquiétée ;

il est mort dans son lit, naturellement.

A part les pays occidentaux, coupables des maux de l’univers, peut-on citer dix pays dans le monde qui ont la liberté d’avoir un juge Kahane ?

 

 

Extrait du rapport de la Commission Kahane: 

« According to Lt. Elul's testimony, while he was on the roof of the forward command post, next to the Phalangists' communications set, he heard a Phalangist officer from the force that had entered the camps tell Elie Hobeika (in Arabic) that there were 50 women and children, and what should he do. Elie Hobeika's reply over the radio was: "This is the last time you're going to ask me a question like that, you know exactly what to do;" and then raucous laughter broke out among the Phalangist personnel on the roof. Lieutenant Elul understood that what was involved was the murder of the women and children. » 

 

Les pages qui précèdent  doivent l’essentiel de leurs informations à l’article bien documenté et sourcé « Les massacres de Sabra et Chatila » de Wikipedia.

Ah bon, ça, je savais pas sur Israël et la Palestine

« Les faits sont têtus », Lénine

 

Episodes :

Prévenez avant de tirer /1

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/08/40135478.html

 

Les boucliers humains /2/

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/08/40136043.html

 

Captation de territoires et silence massif  des états et des peuples /3

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/08/40136054.html

 

Six mots tordus, deux kapos et un bain / 4

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/10/28/40088638.html

 

Amnesty International : crimes de guerre par ci, crimes de guerre par là / 5

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/08/40136057.htm

 

Trois massacres /deux auteurs / un seul responsable ! / 6/

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/08/40136064.html

  

1982, Sabra et Chatila, Liban /6 suite/

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/08/40136080.html

 

Génocide ?  des chiffres  / 7/

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/08/40136087.html

 

La prison avait une porte ( de sortie) / 8 /

 

 

Palestiniens: identité sous contrôle /9/

 

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/15/40144222.html

http://midsky.canalblog.com/archives/2023/12/08/40136089.html

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