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Eléments de conversation pour briller en société
6 décembre 2018

Autorité, y'en a plus!

AUTORITE

Y’en a plus !

 

LE REEL           Il suffit de jeter un bref coup d’œil sur les journaux, aux informations télévisées ou d’écouter la radio ces jours-ci (début décembre 2018) pour se rendre compte que l’autorité n’est plus ce qu’elle était. Le respect des personnalités, des institutions s’est perdu. 

L’entartrage des hommes politiques (tarte à la crème, farine, ketchup, etc. paraît même une joyeuse tradition qui ne tire pas à conséquence. Celui qui veut se divertir la mémoire pourra le faire ici en video

Il n’est pas utile d’insister sur les heurts de manifestants avec l’institution policière : ils sont monnaie courante depuis si longtemps qu’on en perd la mémoire. 

Par contre, ce qui est en jeu aujourd’hui est infiniment plus profond, concerne chacun d’entre nous dans son rapport à l’autre et interroge son rapport à la démocratie et à la République. 

Auparavant, on se livrera à un panorama qui permettra de comprendre l’archéologie de la situation présente.

 

LES MOTS                A l’origine, un verbe augeo : qui désigne le pouvoir de faire augmenter, ainsi l’auctor est celui qui augmente, qui fait progresser, qui donne confiance, le garant, le modèle ; celui qui conseille ; le fondateur, le créateur,

L’auctoritas : droit de possession, autorité, réputation. 

Nous laisserons de côté l’acteur inanimé tel qu’un document officiel qui « fait autorité ». L’autorité met en jeu deux participants: un qui l’exerce, l’autre qui l’accepte, et un lien entre eux de plus en plus fluctuant et difficile à définir. L’autorité se distingue -du pouvoir fondé sur la force de l’un et la faiblesse et la peur de l’autre, - de l’autoritarisme qui définit une relation de domination exerçant un contrôle sur autrui. 

L’autorité est le côté clair du pouvoir : elle a pour vocation de conseiller, d’aider, de mettre en valeur les qualités de celui qui a confiance en elle et en celui qui l’exerce. Celui-ci est suivi pour sa séduction, son charisme, son savoir, son passé… – bref c’est une relation dont la cause est mystérieuse mais dont les deux acteurs bénéficient.

 

 

Le PANORAMA      L’autorité sous toutes ses formes est critiquée, c’est une observation générale depuis plus d’un demi-siècle. Si on fait un tableau de cette contestation, on peut relever ceci :

-           Un désir d’autonomie des jeunes par rapport aux modèles que proposaient les adultes. Caricaturons un peu : jadis, l’adolescent n’avait qu’une envie, devenir un homme avec moustaches, cravate, salaire, femme, enfants, etc[1]. La jeune fille souhaitait un bon mariage, un foyer à gérer, de beaux enfants à éduquer[2]… 

A partir des années 1960, aux États-Unis puis en Europe, les jeunes font cette découverte : ils forment un groupe autonome qui se distingue des adultes par leurs goûts, leur façon de parler, leurs valeurs, bref, une classe sociale et surtout économique. 

La vérité oblige à dire qu’en même temps, industriels et financiers s’en étaient avisés et s’employaient à pomper le plus rigoureusement possible tout l’argent de poche que les parents, dont le niveau de vie augmentait, donnaient à leurs enfants. 

Et ceux-ci laissèrent les crooners pour les rockers, abandonnèrent le costume pour le jeans et le blouson. Voir par exemple La Fureur de vivre, de Nicholas Rey, 1955 ; Devine qui vient dîner ce soir, 1967 de Stanley Kramer, , sans oublier les films où apparaît Elvis Presley, ZE King,.

Le conflit entre générations s’accentuera avec l’opposition à la guerre du Vietnam, les événements de Mai 68 en France (« Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi », disait un des graffiti qui couvraient les murs).

Un pan majeur du dispositif qui liait les générations était en train de s’effondrer : l’autorité des parents qu’on pensait éternelle et si naturelle laissait la place à une liberté –sexuelle, qui plus est-  qui sidérait les adultes devenus vieux en quelques mois. 

Chacun pensait être libre sans se douter qu’il se coulait dans un autre moule…mais c’est une autre histoire.

 

Sur le plan social, d’autres verrous sautaient. Les classes dites supérieures – par la naissance aristocratique, par la richesse, par le savoir - « le capital culturel »- disait Pierre Bourdieu perdaient une autorité qu’elles pensaient leur être due et qu’on leur accordait sans la discuter. 

Dans le même temps, l’Occident perdait sa prééminence à mesure que les peuples se libéraient de la colonisation et que le Tiers-Monde quittait son statut de Tiers-État pour constituer des pays émergents (Voir la conférence de Bandoung).

Les différences subsistent et sont immenses, mais la relation entre les uns et les autres ne relève plus de l’autorité mais de loi du plus fort …

 

De même, l’autorité, quasiment d’origine religieuse qui faisait de l’homme le maître de la femme  a presque disparu et la discrimination sexuelle est devenue un délit. 

Le père n’est plus légalement le chef de famille unique : il partage, depuis la loi du 4 juin 1970, l’autorité parentale avec la mère des enfants. 

L’autorité « naturelle » de l’un sur l’autre a disparu, même si le pouvoir mâle s’exerce encore dans de nombreux domaines de la société (salaires, « plafond de verre » qui interdit l’accès des femmes à des postes de responsabilité), harcèlement et violences sexuelles comme l’a révélé au grand jour, en octobre 2017, l’affaire Weinstein.

 

Sur le plan politique, l’autorité de l’État s’est amoindrie par le processus de régionalisation qui transfère un certain nombre de compétences aux régions et permet ainsi de rapprocher les citoyens des centres de décision qui les concernent. Mais surtout l’autorité de l’État et de ses représentants est constamment remise en cause. 

Lesprésidents élus bénéficiaient traditionnellement du respect dû à celui qui avait remporté le plus de suffrages. Ce n’est plus le cas depuis l’élection de Nicolas Sarkozy (élu par 53% des votants) contestée le soir même par des manifestations violentes, notamment à Paris le soir du 6 mai 2007 

François Hollande, élu en 2012, a subi ricanements et insultes et a été déclaré illégitime lui aussi le soir même de son élection.

Emmanuel Macron, d’emblée, n’a pas été reconnu comme chef de l’État au prétexte qu’il n’avait pas eu la majorité des votes des électeurs inscrits ( à ne pas confondre avec le nombre des votants). Il faut rappeler que Georges Pompidou avait été élu avec 30% des voix du corps électoral sans que cela soulève une seule vaguelette !

 

 

L’autorité est / était une forme du lien social. Quand elle disparaît, l’individu savoure sa liberté … au début… Affaire à suivre dans un article prochain : « L’INDIVIDUALISME, Moi, les autres, et Moi ».

 

On aborde là un problème crucial, mais qui n’est pas nouveau, comme les amateurs le verront dans l’article  DEMOCRATIE, entre chaos et dictature.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1]Le « etc. » cache pudiquement la maîtresse qui pour tout époux bourgeois était une évidence s’il avait les moyens de l’entretenir ; ou la prostituée pour les plus fauchés… ( voir les ouvrages d’Alain Corbin Les Filles de noceset l’Harmonie des plaisirs sur les mœurs au XIXème siècle. 

[2]Il s’agit évidemment du résultat d’une éducation que bien peu de jeunes filles songeaient à remettre en question.

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