Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Eléments de conversation pour briller en société
5 novembre 2020

36. Irena Sendlerowa, la mère des enfants qui devaient mourir

Irena Sendler © Getty

36.   Irena Sendlerowa, la mère des enfants qui devaient mourir

 

 

 

 

 

Irena Sendlerowa est née à Varsovie en 1910. Son père médecin soigne tous les malades qui se présentent à sa consultation hospitalière, qu’ils puissent le payer ou non.  C’est dans cet état d’esprit  qu’Irena choisira plus tard de venir en aide aux plus démunis. 

En Pologne, qui compte alors la communauté juive la plus important d’Europe, l’antisémitisme est virulent. Etudiante, Irena participe à de nombreuses manifestations contre la discrimination à l'encontre des étudiants juifs. Ainsi elle s'oppose au système qui oblige les étudiants juifs à s'assoir sur des bancs qui leur sont assignés. Cela lui vaut d'être suspendue de l'université pendant trois ans. 

Quand les troupes allemandes occupent Varsovie, Irena, employée à la mairie de Varsovie, dans la section d'aide à l'enfance, rejoint un groupe clandestin qui vient en aide aux enfants abandonnés très nombreux à Varsovie. En novembre 1940, les nazis rassemblent la population juive dans le ghetto où les conditions de vie deviennent épouvantables : surpopulation, sous-alimentation, mortalité très élevée. En 1942, commencent les déportations massives vers le camp d’extermination de Treblinka. Irena obtient l’autorisation d’entrer et de sortir du Ghetto où les enfants connaissent un sort tragique. 

Le 5 août 42, elle assiste impuissante à la déportation - organisée par les SS -  des enfants de l’orphelinat où elle avait travaillé avec le docteur Korczak qui refusera de quitter ces enfants. En collaboration avec la Résistance polonaise, Irena Sendlerowa, sous le pseudo de Jolanta, s’emploie à faire sortir clandestinement des enfants du ghetto. D’abord par une brèche aménagée dans un mur, puis en les cachant dans des camions de pompiers ou dans des bennes à ordures. 

«À l’équipe habituelle étaient venus s’ajouter de nombreux bénévoles, de jeunes passeurs qui, pour la plupart, étaient des membres de Żegota. Deux ou trois fois par semaine, ils plongeaient dans la vase, nageaient dans des boyaux encombrés de cadavres et de rats pour arracher les enfants au ghetto. Ensuite, ils devaient les guider dans une boue nauséabonde, relever certains quand ils s’évanouissaient à cause des nappes de méthane, les encourager et surtout les rassurer sans cesse.»

Sans titre

Après leur avoir fourni de faux certificats de naissance, avec des prénoms chrétiens, elle organise le  départ de ces enfants vers des institutions ou vers des familles qui ont le courage de les accueillir. Irena use de stratagèmes de plus en plus audacieux. Plus jeune, elle avait reçu une formation en plomberie et serrurerie : sous prétexte de travaux à effectuer, accompagnée de son chien, elle pénètre en voiture dans le ghetto munie d’une caisse à outils et de sacs à gravats. Quand elle ressort du ghetto, la caisse à outil renferme un bébé, et dans un des sacs est caché un enfant plus grand. Son chien, qu’elle a dressé à aboyer si quelqu’un s’approche du véhicule, dissuade les soldats allemands de procéder à une fouille et couvre aussi les éventuels pleurs des bébés.

Mais le 23 novembre 43, Irena est. arrêtée par la Gestapo. Elle est torturée pendant  trois mois. Coups de gourdin, nerf de bœuf trempé dans l’eau. Les coups s’accumulent sur ses tibias, ses cuisses, ses seins, ses fesses… La peau est à vif. On lui fait compter les coups. En cas d’erreur, le supplice repart de zéro. Bras et jambes sont brisés.

Trois mois de souffrances innommables, sans livrer un seul nom. Elle est condamnée à mort. Mais elle est un symbole. La Résistance soudoie un gardien, et la fait évader.

Pendant l'insurrection de Varsovie, elle travaille comme infirmière dans un hôpital clandestin jusqu'à ce que le 17 janvier 1945, l'Armée rouge entre dans la ville. 

Quand la guerre prend fin, Irena déterre une jarre qu’elle avait enfouie dans son jardin et en extrait les papiers sur lesquels elle avait inscrit au fur et à mesure les noms des 2500 enfants qu’elle avait fait sortir du Ghetto, dont beaucoup seront retrouvés par le Comité juif de Pologne. Elle vient alors en aide aux orphelins et crée des maisons de retraite. Elle ne parle à personne de ce qu'elle a fait, estimant normal d’avoir agi ainsi, regrettant même d’avoir fait trop peu !  

Pour avoir été  fidèle au gouvernement polonais en exil, Irena est emprisonnée de 1948 à 1949 et interrogée brutalement par la police secrète communiste. En 1965, elle est reconnue "Juste parmi les nations", mais en Pologne, son rôle durant la seconde guerre mondiale restera sous-estimé jusqu'à la chute du régime communiste

Ce n’est qu’en 2003 - 77 ans après la fin de la guerre – qu’Irena Sendler est élevée au rang d’Héroïne nationale. Elle meurt le 12 mai 2008 à l’âge vénérable de 98 ans, après avoir appelé, je la cite "Tous les êtres de bonne volonté à l’amour, la tolérance et la paix, pas seulement en temps de guerre, mais aussi en temps de paix." Le Parlement polonais a déclaré l'année 2018 : "Année Irena Sendler" 

 

1174053-524946-34

 

SOURCES:

Cet article reprend en très grnde partie le texte de l'émission de France-Inter ( version audio + texte en ligne) , auquel a été ajouté des passages de la revue Slate.

Slate du 2 février 2017   http://www.slate.fr/story/135932/liste-sendlerowa-2500-enfants-juifs

 

 

Femmes de combat

Femmes contre le racisme

7 Rosa Parks

9 La mulâtresse Solitude

 

Femmes dans la guerre

11 Tireuses d’élite

12 Sophie Scholl, la rose décapitée

24 Trois jeunes filles dans la guerre

36 Irena Sendlerowa, la mère des enfants condamnés

26 Eugénie-Malika, Algérienne, 24 ans, résistante, déportée, pendue 

 

Femmes dans les révolutions

2 Olympe de Gouges

3 Théroigne de Méricourt

17 Femmes du 1er mai  1891

27 Les femmes et la Révolution française

28 autre révolution, autres femmes

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité