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Eléments de conversation pour briller en société
27 février 2021

Délires universitaires

 

zinzin10

Délires universitaires

Sciences sociales : enseignants, étudiants,: « Ils osent tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît » (Michel Audiard) 

 

Bizarres universités

Il règne dans nos universités une obsession des pratiques universitaires américaines, d’autant plus étonnante que cette fascination s’accompagne d’une détestation du système capitaliste-raciste- homophobe-etc. qui caractérise les Etats-Unis, comme chacun le sait.

 Affection qui ne laisse pas les Américains indifférents. Ainsi, le New York Times du 9 février 2021 évoque l’influence des universités américaines en France, le rôle des sciences sociales et l’intérêt pour le « woke » [sur cette notion voir l'article  Rééducation, délation: Inquisition et Gardes rouges  ]

L’article du NYT peut être lu en français ici.  Le nouveau correspondant du NYT, longuement reçu par E. Macron à son arrivée Paris est interviewé par Le Point. A lire ici. 

 

Remarque préalable : Cet article présente quelques éléments caractéristiques, pour que le lecteur se fasse une opinion. Habituellement, les articles s’appuient sur Le Monde et ses sources. Mais sur le sujet présent, l’esprit critique du Monde a peu trouvé matière à s’exercer.  

Par contre, Le Point et Le Figaro ne se sont pas donné de barrières. Ils fournissent  bon nombre d’informations. Certains s’en offusqueront, d’autres se réjouiront…

Le Point a mis en ligne une dizaine d’articles sur le sujet en février 2020. Comme Le Figaro  en avril 2019.

 

Les « cultural studies »

Ces « études culturelles » sont le point d’origine des problèmes que l’on va présenter. Elles ont développé un certain nombre de filières universitaires sur les thèmes de l’étude  des  minorités, caractérisées par l’emprise des hommes sur les femmes, la répression de certaines sexualités,  la domination des Blancs sur les Noirs… 

Une large ouverture d’esprit permet d’accueillir d’autres « grievances » (griefs / domination) comme la grossophobie ( qui touche les gens enrobés, comme dit Obélix) les roux, etc.

Ces nouveaux regards ont eu le mérite de mettre au jour ce qui était voilé. Mais la situation est telle que le chercheur ne se distingue plus du militant qui entend protester contre une injustice.   

 

L’appropriation culturelle et ses conséquences 

On entend par appropriation culturelle le fait pour un individu appartenant à un groupe dominant d’utiliser ou d'étudier des éléments appartenant à une culture minoritaire, sans son consentement. Le champ d’exercice de cette notion est vaste : événements historiques, coutumes diverses, techniques traditionnelles… C'est une pratique usuelle pour tous les ethnologues mais aujourd'hui interdite par les sociologues à l'écoute des concepts américains.

L’interdiction serait justifiée par le fait que le regard de l’analyste  est toujours orienté, par son origine en particulier. Il corrompt ainsi le sujet qu’il prétend étudier qui appartient à une autre culture que la sienne.

 Le Point a introduit incognito une journaliste en qualité d’étudiante dans un cours de  cultural studies. La scène qu'elle évoque est révélatrice. Un étudiant demande à propos de l'appropriation culturelle : « Cela signifie-t-il qu'une personne blanche ne pourrait pas travailler sur le racisme ? »  : "la question d'écarter certains sujets d'étude de certains groupes en fonction de leur origine est…  légitime" répond l’enseignant, non sans hésitation. <Le Point 11 février 2020 

 Et en effet, en mai 2016, une professeure est nommée maître de conférence à l’Université de La Réunion pour assurer les cours d’histoire de l’esclavage.

Levée de boucliers. La nomination d'une enseignate blanche est une offense à l'égard des Réunionnais. L'esclavage ne peut être étudié que par un Noir. Le tribunal administratif interdit la nomination. La « préférence régionale » doit jouer son rôle. On reproche à cette universitaire d’avoir enseignée à Nantes, port esclavagiste… Depuis cinq ans le poste n’a pas de titulaire. Voir le Monde  

 

 Objectivité, neutralité : dans les poubelles de la recherche !

Si le regard « étranger » en clair celui de l’homme occidental blanc- comme celui de la professeure nantaise à La Réunion était inadmissible, corrompu et corrupteur. Par contre, le jugement de celui qui est engagé dans son sujet est digne d’éloges. Jamais subjectif mais impliqué !

Un enseignant, toujours observée par la journaliste du Point, nous en donne la raison lors d'un cours sur   « le savoir situé » : « Il n'y a pas de neutralité dans les cultural studies. » Réfutant l'idée d'un « savoir universel », il nous est expliqué que le « regard biaisé » apporte bien plus à la recherche que celui prétendument neutre. « On nous fait croire que c'est un cadre scientifique et neutre, alors qu'en vrai on est bien dans le cadre des dominants. Un regard blanc, bourgeois et masculin […]»

Ainsi l'identité compte bien plus que les connaissances acquises. Lorsque les étudiants se sont présentés, ils n'ont pas mis en valeur leur parcours universitaire mais  leur vécu  qui justifiait leur place dans cette filière. 

« Vient le moment des présentations. Chacun leur tour, les étudiants sont invités à décliner leur nom, faire un rapide résumé de leurs études précédentes et proposer un thème de recherche. Les terrains d'étude sont tous en rapport avec l'intersectionnalité, qui consiste à étudier les discriminations additionnées de genre, de classe et de racisme subies par certains groupes. Chaque élève présente à tour de rôle son sujet de recherche : « Cela fait écho à mon histoire », « Je veux faire un mémoire plus intime », ou encore « Parce que je suis une femme, je vais travailler sur… »

Cette façon d’être au monde de la recherche vient évidemment des Etats-Unis : 

Le compte New Real Peer Review présente avec humour des études qu’il juge outrageusement auto-centrées.

Dans une étude d'« auto-ethnographie », une universitaire américaine explique en préambule qu'elle va principalement évoquer ses « propres identités, étant une femme blanche et queer dans le Grand Sud », de surcroît mariée à une femme Noire.  Un doctorant de l'université de Minnesota précise que son but est de pratiquer « une subjectivité rigoureuse » : « Mon enquête – conduite en lisant mes textes personnels que j'ai écrits de 1991 à 2017 et en les mettant en relation avec la théorie sur la suprématie blanche, le patriarcat et la prééminence professorale – a confirmé que j'ai promulgué la suprématie blanche depuis mon enfance. » Pour sa part, un spécialiste de « transarchitecture », prévient même que son article se base sur « son intense fréquentation d'un club gay ». 

 

Canulars très sérieux… 

Pour montrer que les néo-chercheurs se fondent sur des a-priori et se soucient peu de la réalité des faits et de la logique, trois intellectuels américains, James Lindsay, Helen Pluckrose et Peter Boghossian, ont proposé des articles complètement loufoques  à des revues réputées. 

Sur 20 articles, 7 ont été acceptés par les rédactions et publiés. < Le Point :"la sociollogie est un sport de coups bas"

Le Wall Street Journal s’est fait l’écho de leurs articles, notamment celui paru dans  Gender, Place & Culture consacré à l'inconduite sexuelle des chiens dans les parcs de Portland, dans l'Oregon. L’auteur de cette étude admet que  «[son]  propre cadre anthropocentrique» rend difficile l'évaluation du consentement des animaux. Il affirme néanmoins que les parcs pour chiens sont des «boîtes de Pétri pour la culture du viol  canin» et lance «un appel à la sensibilisation aux différentes façons dont les chiens sont traités en fonction de leur sexe et de leurs comportements queering. 

 Une des contrefaçons du trio consistait en une réécriture à la sauce «intersectionnelle » d'un chapitre de Mein Kampf – un article accepté par la revue Affilia, mais qui n’a pas été publié in extremis. Voir l’article dans lequel la rédaction reconnaît son erreur. 

… études déjantées.

Les études suivantes sont le fait d’universitaires très sérieux ( par rapport à leurs propres critères). L’effet n’est pas bien différent des précédentes. Voici quatre exemples.

 

Les glaciers n’échappent pas au sexisme 

 En 2016, des membres de l'université de l'Oregon, financés par les deniers publics de la National Science Foundation, ont pour ambition de révolutionner la recherche sur les liens entre « genre et glaciers ». Un domaine il est vrai quelque peu oublié par la science traditionnelle. Appelant à une « approche féministe postcoloniale » de la glaciologie, leur étude est publiée dans la revue Progress in Human Geography.  

 

 Femme et vagin : qu’en penser ?

Une belle étude sur 55 femmes établit qu’il y a bien un rapport entre un vagin et le fait d’être une femme. 

 

Anus, de quoi es-tu le nom ?

Un sujet négligé a été étudié dans Researchgate.net  par  Jennifer C. Nash, professeure associée à Harvard : "Black anality". Elle a  visionné des sites pornographiques pour analyser « un espace sous-étudié mais « surdéterminé » par l’idéologie, le discours, la représentation… L’étude affirme que que la chair féminine noire devient l'espace matériel où se réalise cette convergence. ».  A lire, en anglais, sur ce site.   

 

La question animale est-elle une question féministe ?

… se demande Flo Morin Visiblement oui : « de la même façon que la race ou le genre, l’espèce n’est pas un fait biologique, mais une catégorisation politique ». Il est donc normal de reconsidérer le corps « comme étant toujours déjà habité, constitué par le non-humain »et donc de repenser les rapports sociaux à la lumière de cette révélation.

Etude qui intéresse les universitaires français puisque le site français Cairns’en fait l’écho. 

 

Passages à l’acte : interdiction

 

Arrivée à un certain point d’ébullition, l’idéologie enrage, explose et passe à l’acte. Qui s’étonnera que cet acte public se réalise dans l’interdiction des opinions contraires ?

 Le blackface

Le blackface est le grimage d’un individu qui veut imiter le visage d’un Africain. Aux Etats-Unis, il est historiquement lié au racisme. En Europe, il est considéré comme un stéréotype outrageant. Voir l’article Wikipedia, bien documenté.  

 Dans l’espace universitaire français, le cas le plus connu est l’interdiction de faire jouer,  à la Sorbonne, la pièce d’Eschyle, Les Suppliantes, en mars 2019. Celles-ci sont des Egyptiennes à la peau « brunie par le soleil », dit le texte. Le metteur en scène, Philippe Brunet, pensait utiliser des masques – c’est la tradition du théâtre antique – cuivrés, mais une photographie, prise pendant des essais, d’une comédienne avec un masque noir qui n’a pas été retenu au final,  a mis le feu. < Le Monde 

 Une cinquantaine de militants de la Ligue de défense noire africaine et du Conseil représentatif des associations noires bloquent l’entrée de la salle. 

La pièce ne sera pas jouée.

 

La journée sans…

Depuis les années 1970, l'université Evergreen, dans l'État de Washington organisait une « journée de l'absence », durant laquelle les étudiants noirs quittaient le campus afin de mettre en évidence la place qu'en temps normal ils y tenaient. En 2017, la « journée de l'absence » prend un nouveau tour : ce sont cette fois les Blancs qui sont priés de ne pas mettre les pieds sur le campus. Un professeur de biologie s'en émeut : « Il y a une grande différence, explique Bret Weinstein  entre un groupe qui décide volontairement de s'absenter d'un espace commun afin de mettre en évidence son rôle vital et sous-estimé, et un groupe qui encourage un autre groupe à s'en aller. [...] C'est une démonstration de force et un acte d'oppression. » L'homme est un progressiste, soutien de Bernie Sanders, ses engagements sont connus. 

Mais le professeur est jugé raciste. Insulté, menacé et désavoué par sa direction, il finit par démissionner. < Le cauchemar Evergreen

 

La cancel culture

Ce qui offenseune minorité doit disparaître. Quelques exemples.

Une fresque de 1936, constituée de treize panneaux, peinte dans un établissement scolaire de San Francisco, est menacée de destruction: la commission scolaire la juge raciste 

G. Washington y est représenté avec ses esclaves noirs. « L’artiste d’origine russe avait à dessein de dénoncer un des volets sombres de l’histoire des États-Unis - l’esclavagisme -, et le racisme. Missionné par le Work Progress Administration dans le cadre du New Deal, Arnautoff qui fut communiste, est connu comme un artiste de gauche ». 

La fresque sera couverte d’une peinture blanche. < Le Figaro 3 septembre 2019

 Une école anglaise du Sussex, Seaford Head School,  débaptise le nom de ses maisons, anciennement nommées Winston Churchill et J.K. Rowling

Début février 2021, des parents reçoivent une lettre rédigée par des élèves affirmant que  «Churchill peut être considéré comme un personnage historique important […] mais nous sommes désormais conscients que Churchill était un homme qui a promu le racisme et l’inégalité, ayant injustement emprisonné et torturé de nombreuses personnes». Les élèves poursuivent en récusant J.K. Rowling «en raison de ses propos récents visant la communauté trans». 

La direction et les enseignants obtempèrent. < Daily Mail ; Le Figaro

 

Une variante: les conférences annulées

A l’université règne la pratique US  du "no platform", qui consiste à refuser à quelqu’un la possibilité de faire connaître publiquement des idées considérées comme inacceptables. 

Une porte-parole du syndicat  Solidaires étudiant.e.s explique : « Il s’agit de créer un rapport de forces, comme dans tous les mouvements sociaux. […] Empêcher la tenue d’une conférence d’un homme ou d’une femme politique en fait partie ».

Ainsi le 12 novembre 2019,  François Hollande a été empêché de parler dans l’enceinte de l’université de Lille-II  par les militants de SUD et Solidaires  puisque c’est « un président qui a créé un recul énorme des droits sociaux». 

De même, Sylviane Agacinski avait connu un sort identique à Bordeaux-Montaigne, à un mois auparavant. Les militants ( ou étudiants ?) LGBT  ont interdit l’entrée de l’université vu les positions de la philosophe sur la PMA. Elle n’a pas pu expliquer comment «le corps humain vivant, charnel, devient un corps utilisable - tantôt pour la recherche, pour les traitements médicaux ou pour la procréation assistée».

Conférence annulée par la présidence de l’université. < Libération

 

 

Il est faible de dire que l’Université n’est plus un sanctuaire où les confrontations sont argumentées et nuancées. Elle est « ouverte sur le monde » comme on le revendiquait naguère pour l’école. L’une et l’autre sont désormais béantes, face au grand vent de la connerie et de l’extrémisme.

« Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude ». A. Einsteina

 

L'islamo-gauchisme ne concerne pas que l'université. Un article prochain lui sera consacré.

 

Voir une note complémentaire sur le sujet: Militer/enseigner

 

Dans la série Mots d'aujourd'hui pour maux de demain, on peut lire:

Assimilation

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