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Eléments de conversation pour briller en société
11 décembre 2018

"Fasciste !", une insulte ?

« Fasciste ! »

Une insulte ?

S. Allende, le jour de sa mort, 11 septembre 1973

 

 

 Le RÉEL                   Vu aux info. de France 2, il y a quelques jours, des manifestants devant un centre des impôts. Les Gilets jaunes crient «Fascistes ! »  à l’encontre des employés de la perception. 

 La langue française regorge d’insultes capables de faire perdre sa sérénité à l’individu que l’on désigne, depuis l’anodin « connard » jusqu’au doute émis  sur les mœurs de son père ou la moralité de sa mère. 

Le choix est vaste. Mais « fasciste », c’est autre chose. Un point s’impose.

 

 Les  MOTS    Le fascisme emprunte son nom au faisceau de la Rome antique, constitué de baguettes de bois entourées d’un cordon.  Au centre de cette espèce de fagot, une hache. Il symbolise le pouvoir de punir : flagellation avec les baguettes et décapitation par la hache. 

Benito Mussolini en prenant le pouvoir en 1919 entend avec ce symbole faire revivre la grandeur de l’Antiquité italienne. 

 

Le PANORAMA                  Quelles sont les principales caractéristiques du fascisme ? 

Tout d’abord sa haine de la démocratie et du parlementarisme, ainsi que du socialisme dans sa version communiste : il prétend dépasser la lutte des classes en organisant des corporations qui réunissent salariés et propriétaires. 

En revanche, un culte est voué à la nation que représente son chef, le Duce en Italie, le Fürher en Allemagne. 

L’Etat, servi par une police politique implacable, est tout-puissant : « Tout dans l'État, rien contre l'État, rien en dehors de l'État » disait Mussolini. La violence est le mode d’action politique normal. L’individu est au service de l’État, embrigadé dès son plus jeune âge, obligé de participer à des manifestations de masse quasi-militaires (défilés, uniformes, chants patriotiques, drapeaux). 

 Les autres partis politiques sont interdits, la liberté de la presse n’existe évidemment pas et l’appareil judiciaire est aux ordres de l’Etat. Les opposants sont éliminés.

Le fascisme veut créer un homme nouveau, un guerrier entraîné au combat, prêt à mourir pour sa patrie. 

Le nazisme portera le fascisme italien à son point ultime, en y ajoutant le racisme et la volonté d’anéantissement de l’adversaire.                        


Comme l’accusation de fascisme en largement utilisée en France, posons-nous cette question : vivons-nous, en France, dans un pays fasciste ?


D'une façon générale l'État fasciste n'utilise ni lacrymogènes, ni grenades de désencerclement, ni flash ball... mais des armes dont la vocation létale est largement prouvée par les dizaines, centaines ou milliers de morts. 
Pour confirmation : se reporter à l’histoire récente de la dictature des colonels en Grèce (1967-1974) ; à la période du gouvernement de Pinochet (1973-1990) au Chili : près de 40 000 personnes emprisonnées et torturées ; à la dictature en Argentine (1973-1983) : 30 000 « disparus », 1,5 million exilés).

La dictature grecque s’effondra à la suite de la guerre menée par la Turquie qui s’empara du nord de Chypre –terre grecque. La dictature argentine voulut reprendre l’archipel des Malouines et déclara la guerre à la Grande-Bretagne qui réagit vigoureusement et provoqua le retour de la démocratie.

 

Quant à la France… livrons-nous à quelques comparaisons en nous posons cette question: combien y eut-il de morts en France pendant cette période pour cause de manifestations, d’opposition déterminée à l’État?  

 

Puis  chacun conclura sur le sérieux de ceux qui en 1958 accusait de Gaulle et la Cinquième République de fascisme. C’était le cas de F. Mitterrand –auteur du « Coup d’État permanent » qui une fois président s’accommoda parfaitement du caractère présidentiel plus que parlementaire de la République.

 

Combien de morts à la suite des "émeutes" de 2005 ? (Remarque : je mets "émeutes" entre guillemets: si l'on compare avec les "émeutes de la faim" au Maroc où on compte les morts pas centaines, ou celle de Los Angeles en 1992, une cinquantaine de morts, le mot émeutre appliqué à la France devient bizarrement très modéré).

Le point de départ est la mort de deux jeunes adolescents pourchassés par des policiers. Ils se sont réfugiés dans un poste électrique et sont morts électrocutés.

Pour les quatre suivants, je laisse la parole à Wikipedia où l'on trouvera toutes les références sans lesquelles une information reste un bavardage de comptoir.

"Le premier mort des émeutes est Salah Gaham, jeune gardien d'immeuble mort asphyxié en tentant d'éteindre un incendie dans le quartier de Planoise à Besançon68.

Retraité, Jean-Jacques le Chenadec meurt en bas de chez lui à Stains le 7 novembre 2005, victime d'un coup de poing d’un jeune en tentant d’éteindre un feu de poubelle69. Un hommage lui est rendu en 2015 par la municipalité69.

Deux autres victimes civiles sont répertoriées : Jean-Claude Irvoas, battu à mort le 27 octobre, à Épinay-sur-Seine, alors qu'il prenait en photo un lampadaire pour sa société de mobilier urbain, et Alain Lambert, gardien du lycée de la Plaine-de-Neauphle à Trappes, mort asphyxié tandis qu'il tentait d'éteindre l'incendie d'une voiture déclenché par quatre jeunes70.

Après les émeutes, certains sociologues dont Laurent Mucchielli affirment qu'il n'existe pas de lien direct entre les émeutes et ces morts. La principale victime « directe » est une femme handicapée de Sevran, gravement brûlée le 2 novembre dans un bus attaqué dont elle n'a pas pu sortir en raison de son handicap71."

Il y a ainsi des morts indécents, dont il ne faiut jamais parler s'ils ne cadrent pas avec l'idéologie que l'on défend.

 

Faisons également le point sur les violences commises à la suite des manifestations des Gilets jaunes dont on trouvera le détail dans Le Monde.fr du 13 décembre , 7h03. :

"Six morts depuis le mi-novembre

 

Le 17 novembre déjà, premier jour des rassemblements de « gilets jaunes », une manifestante avait été tuée à Pont-de-Beauvoisin (Savoie) après avoir été percutée par une automobiliste prise de panique à un barrage. Deux jours plus tard, un motard de 37 ans était percuté par une camionnette qui manœuvrait pour éviter un barrage de « gilets jaunes » et succombait à ses blessures le lendemain.

 Dans la nuit du 1er au 2 décembre, lors du deuxième week-end de mobilisation, un automobiliste est mort en s’encastrant dans un camion arrêté à un barrage près d’Arles (Bouches-du-Rhône).

 La quatrième victime est une femme de 80 ans blessée par une grenade lacrymogène à Marseille le 1er décembre. Elle est morte le lendemain à l’hôpital lors d’une opération chirurgicale.

 Le 10 décembre, une femme d’une vingtaine d’années a été tuée à Chasseneuil-sur-Bonnieure (Charente) lorsque sa voiture est venue s’encastrer dans un camion, un accident probablement lié au ralentissement en amont du barrage filtrant des « gilets jaunes "

 

 Donc, ne pas confondre slogan pour manif’ et argument politique.

 

 Il serait bon aussi de réfléchir sur le pouvoir fasciste de la justice républicaine à l’aide de quelques anecdotes : les manifestations nombreuses et parfois violentes pendant Nuit debout, se sont déroulées alors que la loi d’urgence était en vigueur.  Se demander quel autre pays aurait toléré ce genre d’événements s&ns faire couler le sang et remplir les prisons.

 Parler constamment de fascisme ici et maintenant, c’est d’abord prouver par l’absurde que la parole est libre et c’est, de plus, contre-productif : si c’est bien ça le fascisme – ce que nous vivons depuis cinquante ans - alors, peuvent se dire certains, c’est très tolérable !


Parler d’État fasciste aujourd’hui en France, c’est cracher à la figure de Salvador Allende, mort les armes à la main ou sur Victor Jara, guitariste militant de gauche aux doigts coupés par l’armée de Pinochet.

Victor_Jara_-_Danos_tu_fuerza_y_tu_valor_al_combatir

 

Témoignage de l’écrivain Miguel Cabezas, lui aussi détenu dans ce stade : 

"On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l’officier, une hache apparut. D’un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d’un autre coup, ceux de la main droite. On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s’écroula lourdement. On entendit un hurlement collectif."


C'est ça, avant tout, le fascisme: la barbarie et la mort.

Pour les babioles dont on parlait au début, trouvons une autre insulte !

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Commentaires
M
Jamais déçue par l’auteur !
Répondre
M
Fascinant !!
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