5 L'individu. MOI,JE, libre et HEU-REUX!

EPISODE 5 La reconquista : MOI, JE, libre et HEU-REUX !

J’aime ce qui me nuit

On commence à le comprendre, l’individu à l’instinct de survie : il retombe sur ses pieds en revendiquant ce qui l’a abattu.

Le travail salarié l’a aliéné ? il se fondra dans la masse des travailleurs avec enthousiasme car il a le sentiment de faire corps avec le mouvement politique ou syndical dont l’action mènera à sa libération. Il suivra les deux grands récits politiques qui domineront le XXème s et vont entraîner les foules, tout en les opposant : Le marxisme et le fascisme.

La découverte de l’inconscient lui a ôté sa liberté de penser ? il va prendre appui sur ses pulsions, sur tout ce qui échappe à sa raison et à la compréhension de lui-même pour magnifier l’instinct brut qui exprime son authenticité.

Ainsi, dans les premières années du XXème siècle, deux mouvements auront une importance grandissante au cours du siècle : Dada et le surréalisme.

Le mouvement dada naît en 1916 en Suisse et regroupe des artistes, poètes, peintres, musiciens qui rejettent toutes les contraintes et veulent que l’art cesse de représenter la vie pour en devenir un élément incontournable. Le rationnel est résolument banni et la dérision pratiquée comme un art.

L'urinoir exposé au Centre Pompidou porte de le titre de "Fontaine". Et la Joconde revisitée le doux nom de L.H.O.O.Q. Les deux oeuvres sont signées Marcel Duchamp.

Le surréalisme, plus engagé politiquement, est révélé par le Manifeste du surréalismed’André Breton (1924). L’inconscient est la source essentielle de l’inspiration et s’exprime dans l’écriture automatique. Le rêve, la folie sont valorisés ; la morale, l’ordre, la logique sont ouvertement méprisés.

Les hommes et les lâches

Une deuxième hécatombe frappe l’Europe entre 1939 et 1945. Au milieu des décombres et des charniers, l’individu renaît, comme d’habitude. Il a la figure du Résistant, de celui qui a donné sa liberté, sa vie souvent pour la lutte contre l’esprit de mort voir le slogan fasciste clamé par les partisans du général Franco

Peu importe que les résistants aient été peu nombreux ou que certains se soient ralliés après l’attaque de l’Allemagne contre l’Union soviétique. Le discours officiel du général de Gaulle célèbre la France combattante, victorieuse et surtout unie.

La mémoire s’efface vite :on a sans doute oublié aujourd’hui que Georges Pompidou, Président de la République en 1969 et né en 1911 n’avait pas jugé bon de combattre contre l’occupant, tout comme son adversaire politique, secrétaire général du Parti communiste, l’autre Georges, Marchais. Personne n’a l’obligation d’être un héros, mais quand on a la prétention de conduire les hommes, il peut être bon de montrer un peu de courage.

L’angoisse d’être libre

La jeunesse de Saint-Germain des Près, peu après la guerre, est séduite par l’existentialisme de J.-P. Sartre pour lequel l’individu est responsable du sens qu’il donne à sa vie. Ils séduisent moins Sartre qui déclarera : « Mes livres et la philosophie existentialiste étaient à la mode parmi les snobs. Samedi-Soir s'empara du mot, il fit bientôt fureur et on appela existentialiste toute cette bande de jeunes qui hantent Saint-Germain-des-Prés. Ils n'ont rien à voir avec moi, je n'ai rien à voir avec eux. »

Les jeunes gens qui fréquentaient à Saint-germain des Prés, le café de Flore ou les caves du Tabou avaient oublié que « c’est dans l’angoisse que l’homme prend conscience de sa liberté », qu’il est seul, sans valeurs, ni dieu qui s’impose à lui et le guide. Il est « embarqué » dans le monde et il lui revient, dans l'incertitude de trouver son chemin.

La vie en rose

En mai 1968, le « soixante-huitard » pense être à l’aube d’un nouveau monde, qui tarde

quand même à venir tandis que l’ancien monde -en cette fin des Trente glorieuses- produit des richesses qui élève le niveau de vie de la population.

La libéralisation, des mœurs et de la sexualité en particulier, la légalisation de la contraception en 1967. Puis de l’avortement en 1975 font voir la vie en rose.

Dans ces belles années, chacun est/pense être maître de soi. Les contraintes morales se sont effacées, tout comme s’effondraient les institutions qui les incarnaient : famille, école, armée, église…

L’individualisme des années 80 est libertaire, festif et convivial. Il passe par le corps à corps sexy plutôt que par l’anonymat et le harcèlement numérique.

Décontraction, ironie, dérision caractérisent ces « années canal Plus ». La lecture de L'ère du vide de Gilles Lipovetsky est particulièrement intéressante pour comprendre cette période:

"Les démocraties contemporaines, marquées par le dépérissement des grands projets collectifs, seraient entrées dans l'ère du vide. Cependant, ce vide idéologique n'est pas nécessairement un mal mais constitue aussi une chance. Chacun peut désormais se consacrer tout entier à lui-même et mener une vie "à la carte". Gilles Lipovetsky, évitant l'écueil de la déploration, analyse sans les juger les formes actuelles de l'individualisme. Sans ignorer les effets pervers de la désacralisation des valeurs traditionnelles de la politique et de la morale, le sociologue décrit l'avènement d'une nouvelle forme d'hédonisme désenchanté. Le culte de la légèreté et de l'indifférence se traduit ainsi par la vogue des sports de glisse (surf ou roller), par la pratique de l'autodérision (figure de style obligée de la mode ou de la publicité) ou encore par le goût du light (des yaourts aux savoirs, qu'il convient d'alléger pour mieux les faire aimer). Avec L'Ère du vide, Lipovetsky offre au lecteur une réflexion stimulante sur les sociétés postmodernes, le plaisir de la lecture en plus. --Paul Klein

Toute face a son revers, comme on commence à s’en rendre compte et notre culbuto, va être l’objet de contraintes nouvelles auxquelles personne n’avait pensé.

A SUIVRE EPISODE 6 : Coluche : « C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison ».

Le respect?

Responsable et obligé de réussir !

Je m'exhibe

Et les autres ?

Le pouvoir, toujours...

MOI, JE, dilué dans la masse

5 L'individu. MOI,JE, libre et HEU-REUX!

Partager cet article