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Eléments de conversation pour briller en société
8 mars 2022

Les héros et les lâches.

<giscard

Monsieur Giscard 

 

Les héros et les lâches. 

Respect et mépris : travaux pratiques.

 

 J’ai depuis longtemps une sympathie certaine pour Giscard d’Estaing. Elle ne tient pas -pas uniquement- au fait qu’il a initié la loi sur l’IVG et soutenu Simone Veil contre ses propres partisans politiques ou encore qu’il a créé le premier Secrétariat d’Etat à la condition féminine, qu’il a confié à Françoise Giroud ( qui avait appelé à voter pour son adversaire François Mitterrand).

J’en donne aujourd’hui la raison à la vaste multitude qui lira ces lignes.

Je n’aurai pas l’arrogance d’affirmer qu’un homme d’Etat se juge à un certain nombre de qualités dont je suis incapable de donner la liste. Par contre, un homme qui sait se mettre en danger quand il juge que les circonstances l’exigent, celui-là me semble prometteur. 

Les hommes politiques des années  60-80 ont eu l’occasion de prendre ou de ne pas prendre ce genre de décisions entre 1940 et 1945. Certains étaient pourtant bien jeunes.

 

Il ne s’agit pas de juger les hommes sur leur courage ou leur soumission. 

Qui peut affirmer qu’il aura l’étoffe d’un héros quand la peur, la torture et la mort sont au coin du chemin ? Chacun veut d’abord se préserver. 

Mais il ne s’agit pas de « nous ». Il s’agit de ceux qui ont la vocation, ou la prétention, de nous gouverner. Ont-ils eu le courage de faire face ? Se sont-ils mis la tête dans le sable en attendant que les choses passent et que d’autres trépassent ? 

 

A cette époque , quelques personnalités dominaient le terrain politique. Georges Pompidou, Président de 1969 à 1974, précède Giscard d’Estaing, Présidnt de 1974 à 1981 qui laisse la place à François Mitterrand, Président de 1081 à 1995.

Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste est le principal leader de l’opposition. Il a été précédé à ce poste par Maurice Thorez qui dirigea le parti de 1930 à 1964. 

 

Ceux qui regardent le train passer

 Georges Pompidou 

Georges Pompidou a 29 ans en 1940. Un article d’internet est rapide sur ses faits militaires « Partout, Pompidou se fait remarquer pour son calme dans les moments dangereux (il sera décoré de la Croix de Guerre). En juin 1940, au moment de la demande d'armistice, le 14e régiment se trouve à Nexon, en Haute-Vienne, près de Limoges. Georges Pompidou a pu prévenir sa femme qui vient le rejoindre. » C'est en effet un bel exemple de courage militaire et familial.

Il donne ses cours au lycée Henri-IV, corrige des copies, et la Libération vient, à laquelle il assiste en « badaud » dit le même biographe qui ajoute « Plus tard, Pompidou refusera la médaille de la Résistance, accordée pourtant à des gens qui en avaient fait moins que lui.» Ah !

Wikipedia ne s’étend pas plus : « Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille à l’édition critique de Britannicus et envisage d'écrire des scénarios ». 

 Raymond Barre, (premier ministre en 1976) est persévérant dans la patience. Il est né en 1924 à Saint-Denis de la Réunion. Il est allé à l’école, au lycée, à la Faculté de Droit et a passé les années 40-45, entre 16 et 21 ans, en évitant les coups de soleil.

Puis il s’est installé en métropole, est devenu professeur de droit,  et muni de riches expériences humaines, il est entré en politique.

 

Ceux qui attendent que le vent tourne…

Michel Debré, né en 1912, (premier ministre en 1959) haut fonctionnaire de Vichy, rejoint la Résistance en février 43, après l’invasion de la zone libre.

 Maurice Couve de Murville  né en 1907 (premier ministre en 1968) est un homme pondéré. D’abord haut fonctionnaire du gouvernement de Vichy jusqu’en 1943. Il se rend à Alger-après le débarquement allié en Afrique du Nord- et rejoint de Gaulle. <article Wikipedia.   

 

 Ceux qui préfèrent être ailleurs

En novembre 1940, Georges Marchais a vingt ans; il est embauché dans une société nationalisée travaillant pour le ministère de l'Aviation du IIIe Reich, qui possède une usine à Bièvres, dans la région parisienne. Le 17 décembre 1942, il rejoint les usines Messerschmitt à Augsbourg, en Bavière. Il est affecté à la construction du chasseur Focke Wulf 190. 

«L'a-t-il fait de son plein gré  ou a-t-il été victime d'une mesure de déportation du travail introduite par les Allemands, comme il l'a affirmé?», s’interrogent les historiens. Les plaintes pour faux et usage de faux à l’encontre des journaux l’ayant accusé d’être parti volontairement en Allemagne sont rejetées par les tribunaux. Voir le détail dans Libération du 17/11/97   et  Le Monde du 8 mars 1980

 

N’oublions pas Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français de 1930 à 1964

 C'est un des rares hommes de sa génération à n'avoir participé à aucune des deux guerres. Il aurait pu s'engager en 1917, il ne l'a pas fait. En 1939, il déserte - le 3 octobre, on le sait désormais - sur ordre de Staline. Thorez vivra comme une injustice le reproche d'un acte commis sur ordre du Parti. Son problème, c'est qu'il obéit toujours ». Lire dans L’Express « Biographie du couple Thorez.  

Un petit mot sur Jeannette Vermeersch, compagne du précédent, qui, comme lui,  séjourne à Moscou puis dans l’Oural quand les troupes allemandes bombardent la capitale. 

C’est après la guerre qu’elle donnera toute sa mesure en plaidant contre le désir de la femme de maîtriser sa maternité

« Le " Birth Control "[contrôle des naissances],  est dirigé non seulement pour couvrir les crimes du capitalisme, non seulement dirigé contre les travailleurs et pour justification du colonialisme. Il est un grave danger pour la nation...

Le " Birth Control " la maternité volontaire, est un leurre pour les masses populaires, mais c'est une arme entre les mains de la bourgeoisie contre les lois sociales ». <Le Monde, 16 mars 1956 ; NouvelObs.

Une femme de coeur !

 

François Mitterrand, le caméléon

Extrait de l’interview de Pierre Péan dans Libération 

Pierre Péan : « François Mitterrand cherche à gommer trois trimestres de sa vie, qui n'ont pourtant rien de déshonorants puisqu'il est vrai qu'il n'occupait pas de poste important à Vichy. Il reprend la version selon laquelle il serait devenu sinon résistant, du moins tout proche de la Résistance quelques semaines après son arrivée à Vichy. C'est faux.

Libération : Il affirme que, contrairement à ce que vous écrivez, il n'a jamais appartenu à la Légion française des combattants...

Il suffit, pour lui répondre, de faire référence à une lettre signée de sa main et datée du 22 avril 1942: «Je viens de donner ma démission de la Légion. […] Cela me déplaît de ne servir à rien. La Légion est fonctionnarisée. Je suis d'une autre trempe malgré ces faiblesses, ces hésitations qui sont en moi. Notre époque est magnifique, je ne veux pas la regarder de ma fenêtre». Son départ n'est pas du tout motivé par un quelconque désaccord ».

Il dit avoir rompu «avec ce système médiocre» durant l'année 1942. Non, il n'a rompu avec Vichy qu'en février-mars de l'année 1943. 

« Jean Védrine, qui fait la connaissance de François Mitterrand en novembre 42, est un témoin d'une honnêteté scrupuleuse. Il dit: «François était de droite et, pour tout dire, maréchaliste. […]Védrine assume son passé. François Mitterrand nie l'évidence ».

 L’Institut François-Mitterrand rappelle les deux tentatives d’évasion de Mitterrand, prisonnier en Allemagne qui, ayant rejoint la France clandestinement, se rend tout naturellement à Vichy où siège le gouvernement de la collaboration. 

« Faut-il s’étonner de le retrouver là ? Jeune homme de droite, ambitieux, évadé, cherchant travail et papiers officiels – n’oublions pas qu’il reste un évadé –, il n’y a rien de surprenant à le voir rejoindre ce qui est alors le centre de la vie politico-administrative du pays. Il y retrouve d’ailleurs bon nombre de ses camarades d’avant-guerre et plusieurs relations de famille. […]Rien d’étonnant, non plus, à le voir adhérer à l’idéologie pétainiste de la « Révolution nationale » et à sa devise, « Travail, famille, patrie »[…]

Ainsi – chose qu’il est difficile de concevoir aujourd’hui –, le jeune pétainiste fait-il acte, dès son retour, depuis Vichy, sinon de résistance du moins de désobéissance. Il est ce que les historiens appellent aujourd’hui un vichysto-résistant, c’est-à-dire anti-allemand (antinazi), certainement pas collaborateur et nullement antisémite. Sur ces points, tous les témoignages de ceux qui l’ont approché à cette époque concordent ».

Pour plus de détails, lire les archives du Service historique de la Défense : 

Les amitiés fascinées de Mitterrand pour les collaborateurs

« François Mitterrand [après la guerre] va aussi recruter Jacques Saunier. Ce collaborateur flirte avec les Brigades spéciales, responsables en 1943 de plus de 1 500 arrestations au sein de la résistance juive et communiste. François Mitterrand, sans sourciller, le nomme chargé de mission en qualité de sous-préfet hors classe ».<Le Point

 Son amitié pour René Bousquet, ancien secrétaire général de la police de Vichy, responsable, entre autres de la rafle du Vel' d'Hiv',  ne se démentira jamais.

 

Voir la vidéo INA et sa transcription 

 

Ceux qui combattent

Giscard d’Estaing a 18 ans lorsqu’il refuse de retourner préparer Polytechnique et s’engage dans la 1ère armée française du général de Lattre de Tassigny qui avait débarqué en Provence en août 1944.Il participe à la campagne « Rhin et Danube », traverse l’Allemage dans un char d’assaut où il est chargé de diriger le tir du canon.  Son habileté de tireur et son courage le font citer à l’ordre de l’armée : « A fait preuve de calme et de sang-froid le 21 avril à Behla, en dirigeant à pied le conducteur d'un char remorqué sous le feu, montrant un complet mépris des armes automatiques et des mortiers qui l'environnaient. »(< Wikipedia);  Le Monde  

 

chaban

Chaban-Delmas  né en 1915 (premier ministre en 1969). Dès décembre 1940, il s’occupe de l’organisation  de la résistance du Nord de la France. Il est spécialisé dans le renseignement sur la mise à la disposition des Allemands de l'industrie française. Pour être mieux informé, il entre en juin 1941 comme contractuel au Ministère de la Production industrielle.

A la fin 1942, après la chute du réseau due à des arrestations, il entre directement en contact avec les représentants de Londres et se livre à un travail de renseignement dans les services du Ministère de l'Industrie.

Il participe à la libération de Paris en août 1944 et sera, à 29 ans,  le plus jeune général de l’histoire moderne ( après les généraux de la Révolution). < Ordre de la Libération

 

messmer

Pierre Mesmer (premier ministre en 1972) né en 1916 refuse la défaite. Avec un compagnon, il s’engage sur un navire dont le capitaine cherche des hommes sûrs pour rejoindre l’Angleterre.

« En lisant Le Petit Provençal, les deux officiers prennent connaissance de l'appel du 18 Juin lancé par le général de Gaulle et embarquent avec quelques autres clandestins. Un soir,  le bateau simule une avarie de machine quitte le convoi et se détourne vers l'ouest avec sa cargaison  d'une trentaine d'avions en pièces détachées». <Wikipedia 

 

 

 

BérégovoyPierre Bérégovoy (premier ministre en 1992), entre en 1942 -il a 17 ans- dans la Résistance  via le groupe « Résistance-fer » et s'inscrit aux Jeunesses socialistes En juin 1944, il participe à la libération de Rouen.

 

 

 

 

 

 

 

Et voilà pourquoi j'ai du respect pour Valéry Giscard d'Estaing qui vient de disparaître.

Et  pour Jean Gabin, tankiste,  comme Giscard. Avec la 2ème DB de Leclerc il ira jusqu'au nid d'aigle de Hitler, à Berteschgaden, quand nombe de ses collègues comédiens trinquent avec nazis et collabo. < Le Figaro 

 

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