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Eléments de conversation pour briller en société
13 mai 2019

18 (2) Brigitte Bardot, féministe et antifasciste ? Episode 2

18 (2) Brigitte Bardot, féministe et antifasciste ?

 

                                                                              Episode 2. 

buste_de_marianne_-_brigitte_bardot

              Le féminisme

 

              La fascination

 

              Histoire de The Lolita Syndrom

 

              Brigitte Bardot et l'OAS

 

 

 

Féministe ?

Françoise Picq, historienne du féminisme : « Brigitte Bardot n'est pas Simone de Beauvoir, mais avec son personnage libre, et libre de son corps, elle a parlé aux femmes de cette époque. BB a été l'un des signes forts dans une période d'ascétisme, avec la volonté de faire bouger les choses" (<Le Point ).

"Au jeu de l'amour, elle est plus un chasseur qu'une proie. L'homme est un objet pour elle, exactement comme elle l'est pour lui. » 

 

L’éternel féminin 

Dans Le Deuxième sexe, Simone de Beauvoir montre que les hommes ont façonné l’image de la femme à leur gré, selon leur désir, de même BB est fabriquée par Vadim. On a affaire à une version moderne de l’éternel féminin.

Antoinette Fouque précise que si le libéralisme sexuel que Bardot a mis au grand jour a changé les mœurs, par contre la liberté des femmes n’a pas évolué.

 

Femme phallique

Cependant, Beauvoir argue que son naturel (façon de jouer, absence d’accessoires de mode…) l’empêche d’être une femme -objet (malgré les scènes multiples de déshabillage, les plans fixes sur des zones très féminines du corps nu). Elle avait pourtant écrit dans Le Deuxième sexe que le « goût pour une beauté plus naturelle n’est souvent qu’une forme spécieuse de sophistication. »

Catherine Rihoit dit qu’elle a su allier le féminin et le masculin, le premier assurant la séduction et le second lui garantissant la liberté […] Elle est la femme phallique par excellence ». 

 

Bardot n’a jamais participé au combat féministe. « Je m'en fous! dit-elle dans France-Soir, La condition animale est beaucoup plus préoccupante »   

Dans Paris-Match, elle dénonce  MeToo comme « hypocrite, ridicule, sans intérêt. » soutient la lettre  Deneuve-Millet sur la liberté d’importuner :  « On n'a plus le droit de leur dire (aux femmes, ndlr) qu'elles sont belles, de leur mettre la main sur les fesses, on est tout de suite envoyé au tribunal comme harceleur. Je trouvais adorable quand on me disait que j'avais un joli cul. J'allais pas porter plainte pour ça. Les mecs, ils ne vont plus avoir envie de faire la cour aux filles. Évidemment, je ne parle pas des excès, de la violence. »

 

Catherine Rodgers s’interroge sur le regard plein de sympathie qu’elle porte sur une femme qui, somme toute, n’a rien à voir avec le combat féministe : « Ne fallait-il pas que son jugement soit brouillé, peut-être parce qu’elle était tombée sous son charme ? » 

 Que le premier qui n’a pas subi cette fascination lui jette la première pierre ! [1]

 

Simone de Beauvoir a peut-être regretté cet essai.

 

TLS

Quand François Nourissier,  alors jeune écrivain, à la Foire du livre de Francfort à l’automne 1959, découvre avec stupéfaction que la grande Simone a écrit uneplaquette sur Bardot, il négocie l’achat des droits de traduction du texte … en italien pour les éditions Grasset. 

Rentré à Paris, il téléphone à Mme de Beauvoir qui lui apprend que le texte a d’abord été traduit en anglais pour le magazine américain Esquire. Il lui demande alors si elle peut lui fournir le texte français.

Laissons la parole à François Nourissier : « L’attente fut longue. J’y sentais passer de la colère, des regrets, l’envie de ricaner, une subtile supplication, les murmures d’un mépris bien senti.

 

"-      Cela vous embête ? demandai-je.

-      Oui, répondit-elle sobrement.

Tout était dit […] Nous renoncions à traduire, à publier, à signer. " (< F. Nourrissier, B.B. 60,  éd. Le dilettante, 1960)

 

Note finale: Après avoir publié Le Deuxième sexe, Beauvoir a été critiquée de tous côtés, y compris par certaines féministes -dites alors différentialistes-  Le Monde  commente ainsi la querelle: "Certaines l'accusent d'être misogyne et de refuser la féminité. Peut-être l'ont-elles lue avec trop peu d'attention pour remarquer cette phrase : "Renoncer à sa féminité, c'est renoncer à une part de son humanité."

The Lolita Syndrom  aurait pu être cette illustration que la féminité peut être au service d'une libération -au moins personnelle. On ne saura décidément pas pourquoi Simone de Beauvoir lui a donné si peu de publicité.

 

 

Petit supplément à ajouter au thème Bardot et la politique

 

 Du sex-symbol à Marianne. « Je ne veux pas vivre dans un pays nazi.» 

 

 

lettre oas

En novembre 1961, alors que des explosions, les « les nuits bleues » retentissent en France comme en Algérie et que l’OAS, comme le FLN cherchent par tous les moyens  des fonds pour soutenir leurs partisans, Brigitte Bardot reçoit une lettre menaçante de l’OAS lui enjoignant de donner une somme de 5 000 000 Frs ( grossièrement : un million d’euros). 

La réponse de l’actrice surprend. D’après ce qu’on peut savoir, les personnalités « sollicitées » payaient discrètement pour acheter leur sécurité. 

Bardot refuse, publiquement par une lettre ouverte Publiée dans L’Express où elle s’exprime avec clarté : « les inspirateurs de ce genre de lettres seront rapidement mis hors d’état de nuire s'ils se heurtent partout à un refus net et public de la part des gens qu'ils cherchent à terroriser par leurs menaces et leurs attentats ». 

Et elle ajoute : « En tous cas, moi, je ne marche pas, parce que je n'ai pas envie de vivre dans un pays nazi ».

 

Et le sex-symbol devient l’icône de la liberté et du courage. Sa photographie occupe la page politique de L’Humanité, chapeautée de la formule devenue fameuse : « Je ne veux pas vivre dans un pays nazi ».

 Au contraire, à droite, L'Aurore ne signale ni la lettre à l'Express, ni les motifs du refus de Brigitte Bardot, et titre : « B.B. s'en va-t-en guerre contre l'O.A.S. ». Et pour suggérer qu’elle est en accord avec le communisme international, titre en dernière page : « B.B. s'en va à Varsovie et à Moscou » -information fausse qui sera démentie par d’autres journaux.

On salue au Canard enchaîné « notre B.B. nationale », « la fille la plus déshabillée de l'écran mais aussi la plus culottée », « Bravo Brigitte, on préfère votre plastique au leur ! » Explication : le plastic est un explosif utilisé à cette époque par l’OAS qui ressemble à de la pâte à modeler et nécessite un détonateur.

Une sorte de réflexe, de fraternité civique et nationale se met en place qui succède aux débordements érotiques ou moralisateurs.

 En 1968, son buste représentera la République dans toutes les mairies de France.

 

 

 

 

Bardot, libérée ? Certainement !

Bardot, féministe ? Certainement pas !

Bardot fasciste ? Pas en 1961 !



[1]A propos de fascination, je trouve ceci, qui lie curieusement les deux parties de cet article sur BB.

Pascal Quignard, interrogé à propos de son livre, Le Sexe et l’effroi : « Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs nommaient phallos. Du sexe masculin dressé, c'est-à-dire du fascinus, dérive le mot de fascination, c'est-à-dire la pétrification qui s'empare des animaux et des hommes devant une angoisse insoutenable. Les fascia désignent le bandeau qui entourait les seins des femmes. Les fascies sont les faisceaux de soldats qui précédaient les Triomphes des imperator. De là découle également le mot fascisme, qui traduit cette esthétique de l'effroi et fascination. 

Que chacun médite et rêve! 

 

 

 

 

Warhol B. Bardot, 1974

 

 Episode 1: http://midsky.canalblog.com/archives/2019/05/13/37331504.html

 

 

 

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