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Eléments de conversation pour briller en société
27 avril 2019

Episode 2 Ninon de Lenclos

EPISODE 2   Bonheurs et catastrophe

Saint-Evremont

NiPaul SCARRONnon fréquente désormais l’intelligentsia libertine. L’amitié et la fréquentation assidue de Scarron, et surtout de Saint-Evremond, l’un poète, l’autre philosophe et tous deux bons connaisseurs des penseurs de l’Antiquité, du matérialisme et de l’épicurisme approfondiront la réflexion de Ninon qui prend, dit Tallemant « un certain air de dire et de trancher les choses en philosophe ». La jeune femme sera apte à discuter avec les bons esprits qu’elle reçoit dans son salon.

 

 

Ninon use de beaux favoris à rendre jaloux les duchesses. Sévigné ( les deux : le père, puis le fils ) , Rambouillet et bien d’autres lui rendent la vie belle et bonne, sans qu’on puisse l’accuser de vénalité –Sévigné ne lui aurait offert qu’une bague sans grande valeur. 

Elle affirme sa liberté, comme nombre de grandes aristocrates qui mènent, au vu de tous, une vie très libre.

Et elle continue à manifester son impiété avec force et une certaine inconscience du danger. Pendant le Carême de 1651, chez Ninon on mangeait gras, on buvait on chantait, au mépris de tous les interdits religieux. Un soir, on jette un os par la fenêtre sur un prêtre qui passe. Par malheur, il s’agit d’un familier du curé de Saint-Sulpice, Jean-Jacques Olier, membre de la sinistre Compagnie du Saint-Sacrement[1]. Le scandale éclate. Le curé réclame l’intervention du pouvoir civil. Par chance, celui-ci intervient sous la forme d’un bailli fort corrompu et sensible aux arguments des deux grands seigneurs que Ninon en toute hâte a dépêchés auprès de lui. L’affaire est close. Ninon a néanmoins compris qu’il lui fallait être plus discrète.

 

Une idylle 

marquis-villarceauxLouis, marquis de Villarceaux , est grand, brun, fort riche et grand séducteur ; il eut le goût d’ajouter Ninon à la liste de ses conquêtes. Elle eut la sagesse de l’accepter. Ils formèrent un beau couple de 1651 à 1656. D’abord, il fut un payeur qu’elle fit attendre (le dernier d’une liste somme toute assez courte) ; puis il tomba amoureux de la jeune femme, l’emmena peut-être en son château et ils eurent un beau garçon –le séjour à la campagne permit de cacher la grossesse- pendant l’été 1651.

 

 

 

 

Ninon en prison !

En mars 1656, une nouvelle fait trembler la Place-Royale et tout le Marais : Ninon de Lenclos a été arrêtée et conduite au couvent des Madelonnettes, prison pour filles repenties[2]

Depuis la fin de la Fronde et le retour du roi à Paris, les temps libéraux de la « bonne Régence » sont finis. L’ordre doit régner. 

La reine mère, Anne d’Autriche s’est rapprochée de la Compagnie du Saint-Sacrement et des dévôts ; elle est à l’origine de cette incarcération dans une prison pour prostituées. 

Mais les amis de Ninon sont nombreux, et décidés. Le guet doit patrouiller pour protéger la prison d’un coup de force. On avait vu des « cavaliers fort dorés » à l’air belliqueux, d’autres, depuis les maisons voisines, prenaient la mesure de la hauteur des murs de l’enceinte !  

Le pouvoir cède -à moitié-  et transfère Ninon dans un couvent moins austère, à Lagny (Seine et Marne). Elle est bien reçue et autorisée à recevoir des visiteurs si nombreux qu’ils feront la fortune de l’aubergiste voisin ! 

Christine de Suède

Peu après son arrivée, un beau cavalier demande à lui parler. Ce bel homme est en vérité une femme, la plus scandaleuse des femmes de son rang.

La reine Christine de Suède s’arrête dans son périple pour discuter avec Ninon…

C’est que les deux femmes ont bien des points en commun, cultivées, rationalistes (Christine a fait venir Descartes et de nombreux savants à Stockholm), séductrices et même libertines et peu soucieuses du qu’en dira-t-on[3]

Elles parlèrent peut-être chiffons toute la journée puis Christine proposa à Ninon de la suivre en Suède. Ninon était trop attachée au Marais.

À la suite de quoi, Christine demanda au Roi la grâce de sa nouvelle amie et lui recommanda de la recevoir à la Cour. Anne d’Autriche en eut des chaleurs.

Ninon ne sortit de Lagny que six mois plus tard au printemps 1657.

 

A SUIVRE  EPISODE 3 Ninon. Sexualité, culture, conversation

 



[1]La Compagnie du Saint-Sacrement se donne pour but d'instaurer un ordre moral et veut "traquer les libraires libertins [...] combattre le jeu, abolir le duel [...] Poursuivre les juifs, les protestants[...]".

[2]À son emplacement, se trouve actuellement le lycée Turgot, rue de Turbigo (3èmearrondissement)

[3]Mme de Motteville, prude dame de compagnie d’Anne d’Autriche est indignée : « Elle se faisait servir par des hommes dans les heures les plus particulières de la nuit », « En présence du Roi, de la Reine et de toute la Cour, elle appuyait ses jambes sur des sièges aussi hauts que celui où elle était assise, et les laissait voir trop librement ».

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